Un billet du blog de Bix sur l'invasion du langage SMS m'a fait réagir. J'ai laissé un commentaire qui s'est avéré être un long discours à propos d'une remarque incidente de l'auteur sur la manie de coller des s aux pluriels des « acronymes » comme ça se fait en anglais. Ces quelques considérations sont dignes après tout de faire un billet :

  • En français toutes les abréviations (avec un seul b contrairement à l'anglais et à la balise HTML abbr) sont invariables ;
  • On forme une abréviation en coupant un mot pour finir sur une consonne et en coupant devant une voyelle ; Il n'y a que dans ce cas que l'on met et que l'on doit mettre un point abréviatif (ex. : M. pour Monsieur et non Mr. qui est l'abréviation anglaise de Mister) ;
  • L'abréviation peut aussi résulter de la réunion du début et de la fin du mot (sans point, comme pour Dr abréviation de docteur) ;
  • Les sigles sont des abréviations formées en prenant les initiales d'un groupe de mots, avec ou sans point après chaque lettre, avec élimination des mots de liaison à faible contenu comme de, à, le, sur, relative, etc. ;
  • Les abréviations reprennent les traits d'union entre les mots qu'ils abrègent : K.-O. pour knock-out ou P.-S. pour post-scriptum ;
  • Les acronymes sont constitués en prenant le début des mots forts (ça peut être les premières lettres ce qui en fait alors aussi un sigle) et en les groupant en un seul mot ;
  • Les acronymes se prononcent alors comme un mot habituel ;
  • Les acronymes qui ne sont pas des sigles peuvent ne prendre qu'une majuscule au début, l'usage est répandu de le faire aussi pour ce genre de sigles (Onu, Otan, etc.) ;
  • Tout sigle ou acronyme qui est susceptible d'être peu familier à une partie du lectorat doit être éclairé à son premier emploi ;
  • On ne rappelle pas les initiales ou les sigles en mettant des majuscules au début des termes qui ne doivent pas en prendre (ex. : l'A.G. de la SNCF s'écrit l'assemblée générale de la Société nationale des chemins de fer français) ;
  • Ne jamais couper des initiales ou un sigle, ne jamais séparer les initiales abréviatives et le nom qui suit (S.M. la reine — S.M. pour Sa Majesté et non pour sadomaso) et ne jamais séparer l'initiale du prénom du nom de famille (en HTML l'espace insécable –   ou   – sera utilement mis à profit) ;
  • On ne confondra pas l'abréviation et le symbole de l'unité de mesure ou de l'unité monétaire (ces derniers ont leurs règles propres notamment pour l'emploi des majuscules, ne sont pas suivis d'un s ni d'un point – d'autant plus quand on désigne des unités légales) ;
  • L'usage a fixé de nombreuses abréviations qu'il s'agit de respecter ;
  • Où trouver ces règles ? Dans tout bon manuel de bon usage du français.

Evidemment, il ne s'agit pas ici d'entamer une discussion sur la pertinence du respect des règles d'orthographe et de bon usage du français. Toutes les précautions oratoires sur le maniement général du bon usage et son évolution sont ici sous-entendues.

Politique et LL, le blog de Bix, Kontre lé fautes 2 fransais, 3 oct. 2004, Adrien (correcteur orthographique pas content :( )