Blog ou blogue

Abréviation de weblog qui désigne un moyen de publication simple de l'information par Internet sans avoir à se préoccuper de la mise en page à chaque billet publié. Tout internaute peut ainsi publier en propre, limité uniquement par un accès à une connexion à Internet. A la référence au journal intime, on préfèrera celle au carnet de voyage ou au livre de bord.

L'article de L'Express sur le contre-pouvoir que représente les blogues qui surveillent la grande presse traditionnelle, commence par le récit de l'initiative de supporters d'Howard Dean, candidat à l'investiture démocrate. Ceux-ci ont lancé en janvier une campagne intitulée « Adoptez un journaliste » qui consiste pour un blogueur à focaliser son attention sur les publications d'un journaliste particulier. Vous imaginez bien que ça ne les a pas tous enchanter de voir toutes leurs chroniques et reportages décortiqués et critiqués. Ainsi, « les conseillers juridiques de l'agence Associated Press ont menacé d'intenter un procès pour harcèlement aux auteurs du blog Atrios, qui ont « adopté » la journaliste Nedra Pickler. Mais cette démarche a déclenché une vague de réactions indignées sur Internet, qui a contraint les avocats à faire machine arrière… »

En France, on en est pas encore là. Si le phénomène du blogage (terme hideux que recommande la commission de terminologie québécoise) pouvait seulement pousser les journalistes à plus de rigueur. Quelques clics suffisent souvent pour vérifier l'exactitude d'une affirmation ou préciser une assertion d'une dépêche d'agence ou d'un communiqué de presse. Les journalistes professionnels n'ont-ils pas accès à une base documentaire professionnelle justement. Pensez donc, ce serait du boulot de faire ça pour chaque détail publié. Et oui ! c'est même un métier…

Ces écrits d'amateurs – en matière de publication car beaucoup sont des professionnels du domaine dans lequel ils publient – que certains assimilent à du courrier des lecteurs, d'autres les mettent tous dans le même panier : « Les bloggers passent leur temps à se contempler le nombril, assène-t-elle. Ils sont aussi intéressants que des amis qui vous projettent leurs diapositives de vacances. C'est l'opinion portée sur la place publique sans expertise, sans ressources, sans enquête », laisse tomber Elizabeth Osder, professeur à l'université de Californie du Sud.

Faut-il croire que « malgré leurs limites, les blogs se sont pourtant imposés comme un contre-pouvoir des médias et sont en train de changer imperceptiblement le fonctionnement même de la presse. En la forçant à plus de transparence et en l'acculant à entretenir de nouveaux rapports avec ses lecteurs. » Vont-ils changer la presse jusqu'à créer « une presse sans journalistes, où chacun ira grappiller ses informations à la source sur le Réseau, comme des boîtes de conserve dans un supermarché ? »

Cette problématique n'est pas propre au phénomène des blogs mais concerne l'invasion d'Internet en général qui impose un nouveau rapport à la publication de l'information. Le nivellement des sources et le surplus de publications nécessitent des processus de filtrage pour en extraire les contenus pertinents. La presse qui saura s'adapter à la nouvelle donne de la diffusion de l'information et à la concurrence de la « bibliothèque universelle » couplée aux moyens de recherches puissants, seule survivra. Elle se doit aussi d'intégrer l'émergence de relations informelles de type communautaire facilitant la propagation des nouvelles et informations pertinentes pour ses lecteurs.

L'Express, Le succès des weblogs - Journalistes sous surveillance, 28 juin 2004, Gilbert Charles