On discute, on palabre, on nomme des experts, etc. Le manque de mordant de la Commission de Bruxelles face aux manœuvres dilatoires de Microsoft confine à la complicité. Et dire qu'une des répliques de la Commission aux opposants aux brevets logiciels contre les risques d'abus de la part de grandes entreprises et particulièrement de Microsoft est l'existence de procédures européennes pour faire respecter la concurrence…

L'autre assurance donnée est que « l'équilibre acceptable entre les intérêts des titulaires des droits et ceux des concurrents et des consommateurs (y compris la communauté des logiciels libres) (…) équilibre est en outre préservé par les nouvelles exigences de l'article 7 qui charge la Commission de surveiller l'incidence des inventions mises en œuvre par ordinateur en particulier sur les petites et moyennes entreprises et la communauté des logiciels libres. » Ah ! bah ça va alors on est rassuré. Vu la célérité dont fait preuve la Commission, les PME européennes ne seront pas mortes ou à l'agonie (sans trop être en position de refuser l'accord amiable alors gentiment proposé pour éteindre toute action à bon compte) quand viendra le constat et le passage à l'étape administrative suivante…

Le Figaro nous relate comment Microsoft joue la montre pour échapper à ses obligations européennes :

Selon Bruxelles, la version de Windows XP allégée « ne fonctionne pas bien ». C'est « le résultat logique de la demande de Bruxelles qui nous a demandé de supprimer 186 fichiers », rétorque un porte-parole de Microsoft. Et l'éditeur américain exige que ses concurrents paient des redevances trop élevées pour que leurs logiciels fonctionnent avec les siens. « Nous proposons ce qui est en ligne avec les exigences européennes », répond un porte-parole de l'éditeur.

Un concurrent doit payer pour avoir accès aux informations, sans avoir la possibilité d'étudier les données qu'il achète. Enfin, Microsoft ne propose pas plusieurs niveaux de prix pour accéder à ses informations sensibles, selon le nombre de serveurs qui devront se connecter.

Cette attitude de Microsoft est fréquente face aux procès qui ont émaillé son histoire, aux Etats-Unis et en Europe. La firme de Bill Gates joue la montre. Car dans l'informatique, les versions de logiciels sont renouvelées beaucoup plus rapidement que la durée des procès. En gagnant du temps, Microsoft réussit à étendre son spectre vers de nouveaux marchés.

ZDNet relate l'impatience de RealNetwork, seul plaignant que MS n'a pas acheté pour qu'il retire sa plainte :

Dans une précédente déclaration au quotidien New York Times, [David Stewart, conseiller juridique de l'éditeur RealNetworks] a par ailleurs confié que Microsoft a supprimé plusieurs entrées de registre dans Windows. Résultat : les lecteurs multimédias concurrents ne peuvent pas fonctionner avec d'autres applications telles que les documents Word et certains sites web. Ce problème technique signifie que la version allégée de Windows pourrait être moins intéressante pour les fabricants de PC, ce qui irait également à l'encontre du jugement rendu par la Commission.