Michel Dumais dans le journal québécois Le Devoir réagit aux propos tenus par Bill Gates dans sa récente interview de Las Vegas à CNet News.com. Il ne dit rien de nouveau pour les défenseurs du logiciel libre et opposants aux brevets logciels — que Microsoft voudrait bien voir envahir l'Europe. Pourtant, cela a l'avantage d'être écrit dans un grand quotidien généraliste. Les mots durs à l'encontre du Grand Architecte sont courageux, voire téméraires quand on pense aux budgets publicitaires maniés par me numéro un des logiciels.

En effet, Michel Dumais dès le titre traite Bill de « fumiste ». Dans le paragraphe d'introduction, il juge que le propos du patron de MS « frisent la mauvaise foi. » Le meilleur reste à venir :

Certaines de ses déclarations sont tellement énormes que plusieurs, comme le réputé journaliste américain Dan Gillmor, n'hésitent pas à affirmer qu'elles sont une insulte à l'intelligence. Pour notre part, disons-le tout simplement, c'est de la foutaise !

Il trouve que Bill est « sans gêne » d'oublier les faiblesses reconnues d'IE et le juge « hautain » quand il fait référence à Netscape qui doit regretter d'avoir sous-estimé les capacités d'innovations de MS dans ce domaine. Ensuite :

Là où Bill Gates pousse le bouchon un peu trop loin, au point d'en être malhonnête, c'est lorsqu'il s'attaque à ceux qui veulent revoir le système actuel de propriété intellectuelle en affirmant que « ceux qui veulent mettre fin aux diverses mesures incitatives destinées aux musiciens, aux cinéastes et aux développeurs de logiciels sont des communistes des temps modernes ».

Michel Dumais rappelle que les tenants du logiciel libre ne sont pas contre leur commercialisation et la retribution de leurs auteurs mais refusent la répartition des pouvoirs qu'implique le modèle propriétaire. En fait :

Communistes, qu'y disait ! Disons plutôt que ce mouvement vers le libre remet en cause le monopole de Microsoft. Cela doit sûrement turlupiner ces messieurs de Microsoft au point de voir son fondateur y aller d'un tel tissu de bêtises. D'ailleurs, un entrepreneur en logiciels de la scène montréalaise me confiait récemment que sa récente « conversion » vers des solutions libres lui avait valu un téléphone aigri de la part d'un représentant de Microsoft.

Avec Richard Stallman, Michel Dumais renvoie le compliment en faisant remarquer que le système propriétaire de centralisation du contrôle de la distribution et de la copie des logiciels ressemblait beaucoup plus au régime totalitaire de surveillance que connaissaient les pays communistes, au nom du bien commun, mais en réalité pour le plus grand profit des quelques membres du Parti.

Un article à lire !

Le Devoir, Technologie : Le fumiste, 10 janv. 2005, Michel Dumais