Olivier Andrieu d'Abondance.com en fin d'interview accordée à NetEconomie :

Jérôme Bouteiller : La France ne compte pas de champion mondial des moteurs de recherche. « Voila » se limite au marché tricolore, Exalead semble privilégier les entreprises et les autres sociétés spécialisées (Reacteur, Kartoo, etc.) peinent à émerger dans l'ombre de Google. Est-ce une fatalité ?
Olivier Andrieu : J'espère que non, en étendant même la réflexion à l'Europe. Aujourd'hui, lorsqu'on fait des recherches sur le Web, qu'utilise-t-on ? Des ordinateurs américains, des système d'exploitation américains et des moteurs de recherche américains… Sans vouloir faire de l'anti-américanisme primaire ni tomber dans une totale paranoïa, on peut quand même se dire que la situation est préoccupante. A une époque où la diffusion de l'information (bien plus que sa rétention) est primordiale, l'Europe a dix trains de retard dans ce domaine. Imaginez un conflit comme celui qui oppose les Etats-Unis à l'Irak et le traitement que pourraient faire les moteurs de recherche en fonction de la localisation géographique des internautes tapant leurs requêtes… Les résultats seront-ils les mêmes ? La géolocalisation est utilisée depuis longtemps pour la publicité en ligne, elle ne poserait aucun problème technique dans le cadre d'un filtrage des résultats fournis par les moteurs. Ce qui m'effraie plus est peut-être le fait que j'ai l'impression que peu de choses bougent dans ce domaine : aucune aide, aucun programme ne sont prévus, à ma connaissance, pour mettre en place des technologies de recherche innovantes et d'importance en Europe. Il faut dire « non » à la fatalité sous peine de lendemains qui déchantent…

Et l'Europe ne trouve rien de mieux que de renforcer la domination des grandes entreprises américaines qui écrasent déjà toutes les technologies de l'information en approuvant la directive sur les brevets logiciels. Elle se condamne ainsi à renoncer pour très longtemps à son indépendance technologique.